par Meujeu Mar 12 Mai - 10:32
Qui peut décrire avec la plus grande justice les mouvements que l'air communique aux végétaux ? Combien de fois, loin de la civilisation, dans le fond d'un vallon solitaire couronné d'une forêt, assis sur le nord d'une prairie agitée des vents, vous êtes vous plu à voir les renoncules dorées, les trèfles empourprés et les vertes graminées, former des ondulations semblables à des flots, et présenter à vos yeux une mer agitée de fleurs et de verdure !
Cependant, les vents lancent au dessus de votre tête les cimes majestueuses des arbres. Les recoins et retroussis de leur feuillage faisant paraître chaque espèce de multiples verts différents. Chacune à son mouvement. Le chêne au tronc raide, ne courbe que ses branches, l'élastique sapin balance sa haute cime, le bouleau tremble délicatement, le peuplier robuste et agile agite son mobile feuillage, le saule laisse flotter le sien comme une longue chevelure... Parfois un vieille arbre élève au milieu d'eux ses charpentières comme deux longs bras dépouillés de feuille et immobile. Tel un vieillard, il est plein de sagesse et ne prend plus part aux agitations de l'environnement. Cependant sont vieux corps laisse entendre sa voix sourde et mélancoliques.
Ce ne sont point des accents distincts, ce sont des murmures confus tel ceux d'un peuple célébrant dans le lointain une fête. Il n'y a pas de voix dominante : ce sont des sons qui peuvent vous sembler monotone si vous ne savez les comprendre, parmi lesquels se font entendre des bruits sourds et profonds, qui vous jettent dans une tristesse pleine de douceur. C'est une douce musique instrumentale, faisant ressortir les chants des oiseaux, tout comme la verdure est un fond de couleur, un écrin sur lequel se détache l'éclat des fruits et des fleurs.
Ces bruissements, ces gazouillement des bois ont des charmes que l'ont peu préférer au plus brillant des accord : votre âme s'y abandonne, elle se berce avec les feuillage ondoyant des arbres, elle s'élève avec leurs frondaisons vers les cieux, elle se transporte dans des temps qui les ont vu naître, les ont vu grandir et dans ceux qui les verront mourir : ils étendent dans l'infini votre existence. Il vous semble qu'ils vous parlent un langage mystérieux, ils vous plongent dans des rêveries. Majestueuse forêt, paisible solitude, qui plus d'une fois ont calmé les passions, puissent les cris de guerre ne jamais troubler tes clairières et des sous bois enchanteurs.